Un enjeu Européen
L'esturgeon européen
est l'une des cinq espèces de poissons citées comme prioritaires
à l'annexe II de la Directive Habitat n°92/43/CEE du Conseil
de l'Europe.
C'est à ce titre que l'Union
Européenne a soutenu de 1994 à 1997 et dans le cadre de
son instrument financier "Life Nature", un projet de restauration
de l'esturgeon européen.
Ce programme dont la poursuite a
été engagée pour la période 1998-2001, comporte
des recherches, des études et des travaux qui doivent permettre
d'assurer la protection de l'espèce et de ses habitats vitaux.
Il vise également à
mettre au point et à faire connaitre des techniques qui rendront
possible la restauration de l'espèce dans d'autres bassins de son
ancienne aire de répartition.
La lutte en France
Un constat alarmant :
En France, l'alerte sur l'état préoccupant
des populations d'esturgeons est donnée dès les années
1950, notamment par des pêcheurs qui constatent la multiplication
des signes de disparition :
- le nombre d'alevins dévalants
est en forte diminution
- le volume de captures que ce soit sur
les frayères ou dans l'estuaire est pratiquement réduit
à néant.
Mais c'est en 1977 qu'une prise de conscience
générale s'effectue. En effet, à cette époque,
une étude d'impact est menée afin d'implanter près
de Blaye une centrale nucléaire dans l'estuaire de la Gironde.Cette
étude d'impact révèle que la population d'esturgeons
européens présente dans la Gironde a un effectif d'à
peine 2 milliers. Désormais on constate le danger qui pèse
sur cette espèce.
Exemples de pêche avant 1950
|
|
Les projets de reconquête :
Le 13 mars 1980, le premier arrêté
ministériel interdisant la pêche dans la Dordogne et la Garonne,
c'est à dire sur les frayères, est publié au Journal
Officiel.
Le 14 avril 1981, un deuxième
arrêté ministériel étend l'interdiction de
pêche aux eaux salées de l'estuaire de la Gironde (jusqu'à
l'embouchure).
Le 25 janvier 1982 , un troisième
arrêté ministériel protège l'espèce
sur tout le territoire français.
Mais entre 1982 et 1984, l'inquiétude
persiste : il ne reste dans l'estuaire qu'entre 500 et 2000 sujets. A
cette époque est décidée la construction d'une pisciculture
adaptée à la recherche sur Acipenser sturio à Saint
Seurin sur l'Isle (en Gironde) .
Cependant il faut s'armer de patience
car ce poisson a un cycle périodique de reproduction très
long et il est sexuellement mature seulement à partir de 10 ans
!
Les premiers résultats :
La lutte engagée sur
la Gironde commence à donner des résultats:
- en 1994, une reproduction naturelle
a eu lieu (les juvéniles sont encore actuellement dans l'estuaire).
- en 1996, une reproduction en
captivité est réussie : 12000 oeufs fécondés
ont été obtenus. De ce lot, sont nées les premières
larves d'Acipenser sturio en captivité puis les alevins ont été
partagés :
- 3 lots ont retrouvé le milieu
naturel à divers stades de développement.
- les autres ont été
conservés à la station expérimentale jusqu'à
ce qu'il atteignent un poids de 4 à 5 kg. Ils sont le stock
nécessaire de géniteurs pour la reconstitution de la
souche.
Ceux qui ont été relâchés
seront suivis sur les premiers lieux de nourrissage dans l'estuaire, puis
on les retrouvera chaque été au cours de la Mouvée
de la Saint-Jean. A ce moment-là, certains seront repérés,
bagués, identifiés pour pouvoir être retrouvés
plus tard au niveau du cercle polaire ou au sud de l'Europe, qui sait?...
Marquage d'un esturgeon
|
|